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Demain : vivre autrement notre Ville et nos Quartiers

02/07/2020Jean De Salle / Miriam Dubois


  • Demain : vivre autrement notre Ville et nos Quartiers !!!

Quel Bruxelles souhaitons-nous au sortir de la pandémie et du confinement ? Nous avons vécu deux mois et demi dans notre logement, sortant quelques minutes tous les trois jours, furtivement, pour faire vite une petite course au magasin du coin, inquiets de croiser quelqu’un de trop près. Tout ce qui fait la saveur de la ville, ses terrasses bondées, ses rencontres improbables, ses théâtres, cinémas, expos, tout était fermé. Comme d’autres pandémies ne sont pas exclues à l’avenir, la tentation est grande d’en tirer la conclusion qu’il faut fuir la ville et s’enfermer dans une petite villa dans un lotissement. Et pourtant quel gaspillage d’espace, d’équipements, de combustible si tous optaient pour ce mode de vie ! Comment réinventer une ville durable qui cumule le plaisir de vivre en ville, qui réduise nos besoins en transport au minimum, et qui nous permette aussi de nous isoler agréablement chez nous, sans perdre le contact avec la nature ?

  • De la Région aux Communes, des Communes aux Quartiers

Au niveau de la Région de Bruxelles-Capitale (RBC) la mise en application du nouveau Plan Régional de Développement Durable (PRDD*) revoit fondamentalement notre échelle de vie la plus proche et la plus quotidienne, notre quartier …

Le PRDD propose une redistribution des principales activités de la population en veillant à ce que chacun des 118 Quartiers d’Habitations** qui composent Bruxelles bénéficient d’un panel de services de base, beaucoup plus proches des habitants, par rapport à ceux de chacune de leurs 19 communes.

Parfois certains de ces quartiers se retrouvent à cheval sur deux, parfois trois communes vu certains découpages territoriaux historiques. C’est peut-être une bonne occasion pour modifier ces limites, parfois absurdes et redonner une certaine cohérence à chacune des communes. Chacun de ces quartiers est personnalisé par un centre dénommé Pôle de Quartier afin que chaque habitant puisse développer un sentiment d’appartenance, de fierté et d’identité à un espace ou un lieu symbolique telle une Maison Communale, une Gare, un Musée, une rue ou place commerçante, …

Ce nouvel échelon urbain doit devenir un instrument d’écoute, de consultation permettant une constante participation des citoyens à la vie publique de leurs quartiers et donc à celle de leurs Communes. Le rôle des Communes serait de mettre en œuvre des délégations de pouvoirs plus proche des citoyens, afin de permettre plus de démocratie et de proximité.

En ce qui concerne ces Pôles de Quartiers, ils peuvent être très différents selon leur importance et leur localisation : pôles d’intérêt local, d’inter-quartier, régional ou encore de niveau fédéral ou international.

*PRDD : ce nouveau plan fut mis en oeuvre par la Commission Régionale de Développement (CRD) de la RBC et met en valeur les trois piliers de la philosophie du Développement Durable : le progrès économique, la justice sociale et la préservation de l’environnement

** voir détails dans le MONITORING des QUARTIERS de la RBC.

  • Les Quartiers, centres de vie et de démocratie des habitants

Qu’apporterait cette décentralisation d’une partie des services, équipements et décisions vers les quartiers ?

Un dépassement de notre démocratie de délégation qui montre de plus en plus ses limites par la fuite vers les populismes, par la difficulté de gérer cette pandémie de portée mondiale, pour aller à une démocratie plus directe fondée sur une participation active des citoyens.

- Un meilleur futur pour nous-même et nos proches, pour nos enfants, qui sommes nombreux à souhaiter un changement radical en matière d’environnement, de luttes contre la pauvreté, contre l’insécurité, contre l’exploitation éhontée et illimitée des ressources de la planète …

Comment s’organiser, à l’échelle de chacun des quartiers pour répondre au mieux aux problèmes de la santé, d’éducation, de pauvreté, d’environnement, de mobilité ?

Dans les limites de place imposées au texte, toutes les réponses précises à ces questions ne peuvent être détaillées ici. Une méthodologie doit se mettre en place pour définir les besoins locaux en partant d’un inventaire des ressources existantes ou manquantes de chacun des quartiers et il appartient à leurs habitants de les formuler en fonction de leurs préoccupations et des problèmes quotidiens dont ceux, exceptionnels, qui se sont révélés lors de la pandémie.

Une série d’organismes, tel que City-Dev, les CPAS, la STIB, Bruxelles-Mobilité, Bruxelles-Environnement, Actiris , les représentants d’habitants tels qu’Inter-Environnement, … doivent être associés à cette réflexion et à la réalisation des propositions les plus pertinentes, coordonnées par les Communes. Les lieux d’enseignement, notamment en matière Urbanisme devront être sensibilisé à cette nouvelle approche et ainsi de formuler en projets concrets et de manière multidisciplinaire, les aspirations pertinentes exprimées par les habitants eux-mêmes.

Celle-ci peuvent concerner des équipements de proximité de santé, d’éducation, de culture, des commerces de base, … mais aussi l’aménagement des espaces publics ou la création de jardins collectifs, le soutien à la création de nouvelles coopératives de quartiers, à l’économie circulaire et locale, à l’organisation de l’entraide et/ou du bénévolat, à la création de stage pour les jeunes mis à l’emploi, la qualité de l’habitat, la gestion de la densité urbaine et des nuisances du bruit et de la pollution, l’ensemble des déplacements dans et hors des quartiers,…

La proposition vise à une nouvelle gouvernance de nos quartiers à l’échelle communale et parfois intercommunale, sous forme d’une démocratie plus décentralisée à mettre en œuvre soit par élection directe, soit par tirage au sort de personnes du quartier qui siégeraient au Conseil de Quartier local, organe relai auprès de leurs communes ainsi que de leurs instances régionales.

Cette nouvelle échelle d’aménagement du territoire constituerait un pas vers l’urbanité, par la prise de conscience d’une solidarité citoyenne et par la responsabilisation des citoyens dans l’acte de penser, de raconter, puis de construire son quartier, territoire de sa vie quotidienne.

Et de rejoindre ainsi Théodore Monod qui nous dit que l’Utopie ne relève pas de l’irréalisable mais de l’irréalisé.


Jean de Salle / Urbaniste et architecte
Miriam Dubois / Architecte et urbaniste