DEUX MÈTRES CINQUANTE SUR CINQ MÈTRES

Nous avons pris du scotch, le matériel du déconfinement et qui aujourd'hui barre l'espace public pour nous mettre à distance les uns des autres. Mais on en a fait une pièce d'une belle dimension.
Nous nous sommes installés, là tout près du logement, sur une place de stationnement. Cette voiture a été longtemps à l'arrêt pendant le confinement et on cherche aujourd'hui un peu partout à limiter sa place pour donner plus d'espace au piéton et aux modes doux. Nous avons eu envie d'agir vite avec les moyens du bord en bricolant des situations parce que finalement, nous savons être efficaces et créatifs à plusieurs pour tester des idées. On sait investir l'espace urbain sans coûter cher.
Nous avons eu envie de jouer.
Nous avons voulu montrer que nous habitons la ville et pas que notre logement.
Nous habitons la ville de 1001 façons, que ce soit dans l'espace urbain ou dans notre imaginaire.
Nous ne sommes pas en pénurie.
Mais nous devons faire des choix.

Deux mètres cinquante sur cinq mètres. C'est une place de stationnement pour une automobile.

Mais c'est aussi,

une chambre à coucher, une cuisine, un petit salon, un petit jardin, quatre vélos, un bureau, cinq vaches dans une étable, un food truck, quatre Optimist (petit voilier en solitaire), une boutique, un tronçon d'allée de supermarché, un salon de coiffure, un kot, trois tentes igloo pour 3 personnes, deux files d'attente de trois personnes en temps de covid, trois files d'attente de six personnes avant covid ou en déconfinement, un repas de famille de douze personnes avant covid, une réunion de six personnes en temps de covid, une réunion de dix personnes avant covid, deux arbres adultes plantés en ville, cinq rangées de quatre places de cinéma, huit carrés de potager séparés par des allées, une chambre en foyer d'hébergement, une chambre d'hôtel deux étoiles avec salle de bain privative, un­sixième d'une rame de tram de Bruxelles, trente-six sièges d'un avion Ryan Air, un petit bout de plage avec vue sur la mer, quelques coquillages, approximativement deux tapis persans et/ou volants, un éléphant, en poussant bien, deux, un grand étal de fruits et légumes sur le marché de la place Crombez à Tournai, une table de bistrot et dix personnes de la même bulle en temps de déconfinement, six tables de bistrot et vingt-quatre personnes avant covid 19

Liste non exhaustive

23 juin 2020
le quotidien/quotidien
Beatriz Dei Cas, Mathilde Dei Cas et Jérôme Gratien

le quotidien-quotidien est un collectif d'architectes et designer urbains, qui dédient leurs études et créations à la ville et son quotidien