skip_to_content
(FR)

Espaces résiduels

28/05/2020Christophe Frey
Frey Christophe web

Les mutations dont fait l’objet la ville de Bruxelles ont généré une quantité importante d’espaces résiduels sans pour autant apporter de réponse les concernant. Ces espaces sont le fruit de défaillances urbaines donnant lieu à des espaces non conçus au préalable pour un usage déterminé. Ces espaces sont considérés comme des zones d’ombre, limités, entre-deux, en attente, marginalisés et sans qualités flagrantes. Ce contexte me pousse à considérer le statut et le potentiel de ces espaces oubliés et désintéressés. Ces espaces marquent un discernement face au reste de la ville. Ils en affirment les limites, démontrant ainsi que la ville n’est pas la simple réflexion de cette image harmonieuse que l’urbanisme politique tente de véhiculer. Ces espaces ne sont que le résultat de la faillite des méthodes d’organisations urbaines traditionnelles qui rendent ces espaces sans usage défini. Cela soulève de nouveaux questionnements, particulièrement des questions concrètes de société qui imposent une nouvelle forme de pensée et une approche plus adaptée à échelle humaine. L’intérêt de ces espaces est de pouvoir agir là où ne s’y attend pas, dans des espaces qui n’ont pas été prévus pour être pensés. Ces espaces se révèlent comme de minuscules lieux oubliés, pourtant prêts à servir, dans l’attente d’offrir des qualités indéniables à la ville future et à ses habitants. Ces espaces méritent toute l’attention des acteurs de la ville. Son caractère éphémère est sa force et s’adresse à un large éventail de la population. Ces lieux interviennent comme des laboratoires urbains reflétant l’enthousiasme des citoyens de se réapproprier la ville. Installations artistiques, microarchitectures, pique-niques, détente, lieux de rencontres, potagers, sont autant d’activités des acteurs de la ville contemporaine et se doivent de trouver place dans une ville qui va continuer à se développer dans les années à venir. La tendance à la ré-urbanisation me pousse à penser que les espaces résiduels sont une alternative vers un renouveau urbain, répondant mieux à la société urbaine actuelle. La recherche par le projet a permis de mettre en évidence tout le potentiel de ces espaces qui, à l’échelle du territoire, représentent une surface considérable.

C’est par des micros interventions ponctuelles démultipliées à grande échelle que l’impact se produit sur le territoire. Ainsi, la rigidité des modèles de fabrication des lieux se substitue à des environnements plus réactifs qui laissent place à des opportunités. La mise en réseau des ces espaces possède la capacité de répondre à des enjeux actuels de société pour lesquels les méthodes traditionnelles n’ont pas trouvé de solutions. Il s’agit de rompre avec ses habitudes et de prendre en compte ces espaces désintéressés, prêts à servir, comme des opportunités capables d’inverser la tendance. Le projet consiste à mettre ces espaces au service de logements d’urgences, de faire évoluer des initiatives à échelle humaine, en favorisant une intégration au sein de quartiers denses, démultiplier l’espace public en une série d’espaces pour tous et par tous, faire évoluer les failles environnementales avec des espaces verts de proximité au quotidien, améliorer la vie de quartier et redonner l’envie de s’approprier la rue pour en faire un lieu social et éviter la stérilisation de celles ci. Le projet nécessitera parfois très peu de moyens afin de limiter de lourds investissements de la part des autorités pour qui ces projets xxs ne sont pas toujours des priorités. Ces micros actions ont l’avantage de s’adapter à des infrastructures existantes et faire de leur disparité une réelle prééminence. Ces propositions ont la capacité de mettre en place une structure apte à faire évoluer les choses et adaptée à l’avenir de nos villes.

Christophe Frey / Architecte