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(FR)

La peste

25/06/2020Théo Lanneau / Toumi Nadir
Nicolas Poussin La Peste

« Beaucoup cependant espéraient toujours que l’épidémie allait s’arrêter et qu’ils seraient épargnés avec leur famille. En conséquence, ils ne se sentaient encore obligés à rien. »

Albert Camus - La Peste

A l’espoir succédait, malheureusement, une dépression affreuse.

Voilà déjà quatre années que la ville subissait les ravages de la seconde vague. Le mal se répandait à tel point que la fureur hygiénique et ascétique fit perdre, si nous ne l’avions probablement pas déjà perdue auparavant, toute humanité.

La détresse de nos rues semblait plus effroyable que jamais. Les rues s’étaient obscurcies et le soleil n'éclairait plus que la réalité face à laquelle nous nous retrouvions, impuissants. Dans ce désordre, la ville avait peu à peu perdu les organes de son corps. A ceux-ci furent greffés de nouveaux équipements adaptés à cette frénésie, pensés par les architectes et commandités par les autorités. Dans l’urgence, comme si souvent dans l’histoire de notre humanité, c’est une architecture drastique et sévère qui façonnait notre paysage urbain.

À ce moment, la ville n’est plus. Tout ce qu’elle renfermait en elle : sa lumière, ses antiquités, sa beauté, ses blessures et ses secrets avaient disparu.

Nous sommes à présent peu nombreux dans cette grande ville vide. Au centre de ce vide, il y a cet autre vide, celui de la pensée que nous tentons dorénavant tous de combler.

De quoi notre espace public devrait-il se sentir obligé ?

À ce jour, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle qui s’offrent à nous. Peu à peu la vie reprend, nos regards se croisent et se fuient aussitôt.

Théo Lanneau / Architecte
Toumi Nadir / Étudiant en Master 2 à la Faculté d'Architecture La Cambre Horta