La ville, Terre des Hommes.
« La société désire violemment une chose qu’elle obtiendra ou qu’elle n’obtiendra pas. Tout est là ; tout dépend de l’effort qu’on fera et de l’attention qu’on accordera à ces symptômes alarmants.
Architecture ou révolution.
On peut éviter la révolution. »
C’est par ces lignes que se clôture « Vers une architecture », utopie maintenant centenaire.
Le Corbusier aura sa révolution architecturale :
L’acier et le béton libèrent le constructeur de ses contraintes. Le plan est libre, la structure s’efface, se désolidarise du sol, on se promène sur sa tête : le bâtiment est moderne.
La machine bouscule l’artisan-bâtisseur. Intemporelle, universelle, éternelle, la construction mécaniste est capable d’avaler les plages, de sucer les nappes phréatiques, de broyer les montagnes pour créer la matière.
L’industrie productiviste parachève ce basculement. Le Dominus se lave à l’eau potable, se chauffe au gaz, s’éclaire à l’électricité, tout part à l’égout.
Au cours de cette mutation, la fonction s’affranchit de l’espace, l’espace s’affranchit de la matière, la matière s’affranchit des éléments, l’homme domine l’ensemble avec son imagination pour seule limite.
Cette révolution a accompagné machinalement l’émancipation de la classe ouvrière, accéléré le déploiement de la voiture et consacré l’homme standard, bipède laborieux aux dimensions idéales qui transitera par sa machine à habiter entre deux shifts.
Pourtant, quelque part sur la route du modernisme, la machine a pété un boulon. L’homme et la nature n’ont pas suivi. L’homme a des identités plurielles, la nature a des limites réelles.
La ville pour soulager la Terre.
Cette parenthèse folle, glorieuse, d’or s’achève en accumulant les crises identitaires, sanitaires et climatiques.
Pourtant, nous pourrions dessiner l’Art du Renouveau. Ancré dans notre belgitude, à la hauteur de l’enjeu climatique, l’Art du Renouveau serait la réponse aux enjeux de ce début de siècle.
L’architecture y serait un allié dans la lutte contre le réchauffement climatique et l’urgence sanitaire. La ville soulagerait la Terre, favoriserait la biodiversité et influerait positivement sur son écosystème.
L’Art du Renouveau n’est pas un grand plan aux certitudes post-modernistes mais l’éloge de l’architecture parasite qui nourrit la ville et soigne son biome. Une architecture proche de l’homme et de la terre, où l’artisan manœuvre la reconstruction et réhabilite l’homme dans son environnement. L’Art du Renouveau tisse un lien entre la ville et la campagne, connecte le bâtisseur à son territoire.
Cette entreprise est économique, écologique, sociale. Le bâtisseur :
- Organise des serres et des ruches sur les toits ;
- Installe des poulaillers et des arbres fruitiers ;
- Elève du poisson dans les citernes d’eau de pluie ;
- Isole les murs en paille, en herbe, en terre ;
- Cultive des champignons dans les caves et fait pousser la vigne sur les murs de jardins ;
- Source les matériaux avec soin.
L’Art du Renouveau s’inscrit dans une œuvre totale où l’organisation des acteurs autour du projet de construire fait société. Un projet qui renoue avec la tradition d’une architecture de terroir, mêlant ressources locales et durables à un savoir-faire à reconquérir. Cette ville-là, refuge du vivant, est possible. A nous de la semer.
Jeremy Boomer
Co-fondateur
www.naturamater.eu