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Mange ton paysage !

02/07/2020Mathilde Vandervorst
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MANGE TON PAYSAGE !

Bruxelles porte le nom du paysage qui l’a accueillie. D’origine germanique l’appellation Brus- brōka - «marais» et -sel sali- «habitation d’une seule pièce» signifie « marais habité » ; on peut s’imaginer un paysage rural autour d’une rivière, d’un marais; des abords cultivés, des prairies, des potagers. On peut s’imaginer en arrière-fond des plaines agricoles, la forêt de Soignes qui vient clôturer ce paysage. Du paysage marécageux bruxellois, brōka-Sali, il ne reste plus grand-chose, les derniers marais sont en voie de disparition, mais Bruxelles offre toujours des paysages typiques, des coins de nature insoupçonnés qui reflètent encore par endroits une identité rurale et agricole perdue aux cours du dernier siècle.

Aujourd’hui campagne et ville ne sont plus deux entités opposées, clairement définies territorialement l’une par rapport à l’autre mais deux territoires dont les limites se croisent et s’entremêlent sans pour autant interagir l’un avec l’autre.

Un paysage enveloppant la fin de la ville et le début de la campagne, c’est formé sans qu’ils n’appartiennent vraiment à l’une ou à l’autre. Ce territoire est le résidu de l’urbanisation massive du XXè siècle, une grande friche partiellement occupée, un territoire en attente de devenir la ville.

 Bruxelles, les campagnes sont à trois coups de pédale du centre-ville. Malgré cette proximité, le paysage de l’entre-deux ne fait pas pleinement partie de la vie urbaine bien que son existence lui soit complémentaire et nécessaire. Les villes ont besoin de l’oxygène des forêts, de l’eau des rivières, du blé des champs, des fruits des vergers, ... Et de manière plus pragmatique, les espaces boisés absorbent le bruit, la pollution, les îlots de chaleur ; les zones humides absorbent la percolation des sols imperméables de la ville, ... Le paysage entourant les villes est abîmé, déchiqueté, et rongé sans répit par l’homme. Il est sage de commencer à planifier le territoire par et pour le paysage ; de s’y adapter plutôt que de l’adapter.

En partant à la recherche de ces fragments de campagne coincés en ville par le dessin, je vous offre un tableau où les paysages laissés-pour-compte sont le support des besoins urbains oubliés et où chaque morceau de friche, de talus peut apporter sa contribution à la ville. Cette nouvelle vision qui oscille entre poésie, rêve et réalité, permet de dépeindre un paysage rural qui s’éteint à petit feu et qui ne demande qu’une petite étincelle pour être réanimé. C’est un récit où la ville redevient productive, où se nourrir redevient local.

Ce paysage commence dans votre jardin, vos squares, vos parcs, vos friches, ...

il est à vous ;

Habitez-le, cultivez-le !

Mangez votre paysage !

… et participez à la construction d’un nouveau récit.

Mathilde Vandervorst / Étudiante en architecture